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Pourquoi les entendants n’utilisent pas d’avatars téléphoniques

by info@deaf24.com

En Allemagne et en Europe, on discute beaucoup des avatars en langue des signes. Ces figures numériques sont censées traduire automatiquement des textes ou la parole en langue des signes et les afficher sur des sites web, des applications ou des bornes d’information pour garantir l’accessibilité. L’idée paraît moderne et pratique, mais de nombreuses personnes sourdes y réagissent avec scepticisme. Les entendants ont depuis des décennies l’expérience des téléphones automatisés, où l’on parle d’abord à une voix informatique. Beaucoup trouvent ces systèmes impersonnels, sujets aux erreurs et frustrants. Si même les entendants rejettent ces machines, pourquoi les personnes sourdes devraient-elles se contenter de « poupées parlantes » ?

 

Les téléphones automatisés chez les entendants

Les téléphones automatisés existent depuis plusieurs décennies, surtout dans les banques, les assurances ou les administrations. On entend souvent des phrases telles que : « Appuyez sur 1 pour le compte, sur 2 pour le service client… ». Ces systèmes sont censés faciliter le travail, mais ils frustrent de nombreuses personnes. Ils ne comprennent pas les accents ou les formulations inhabituelles et ne permettent pas de clarifier les malentendus. Presque tous les entendants préfèrent donc le contact direct avec une personne. Malgré les avancées technologiques, aucun avatar téléphonique n’est utilisé chez les entendants. Cela montre que la technique seule ne peut remplacer les échanges humains.

 

Les avatars en langue des signes : opportunités et risques

Les avatars en langue des signes sont censés traduire automatiquement des textes et visualiser les gestes. Un avatar est une figure numérique qui utilise les mains, les gestes et parfois les expressions faciales pour signer. L’idée semble moderne, mais la pratique révèle de nombreux problèmes. La langue des signes est une langue visuelle et vivante, avec sa propre grammaire, ses expressions faciales et sa structure spatiale. Un ordinateur ne peut pas encore reproduire toutes ces subtilités. C’est pourquoi de nombreuses personnes sourdes affirment : « Nous ne voulons pas de poupées parlantes ! »

Autrefois, les avatars étaient rigides et peu naturels, mais la technologie s’est beaucoup améliorée. Les mouvements sont plus fluides, les mains plus réalistes et certaines expressions faciales simples sont possibles. Le progrès est visible, mais le vrai problème réside dans la traduction du contenu. Les avatars reconnaissent les mots, mais ne saisissent pas le sens de la phrase. Pour des phrases simples comme « La mairie est ouverte », cela peut fonctionner, mais pour des textes techniques, médicaux ou juridiques, des erreurs peuvent survenir rapidement. Une petite erreur peut complètement changer le sens d’une phrase. Beaucoup de personnes sourdes disent donc : « Les avatars ont l’air meilleurs, mais ils ne savent pas ce qu’ils disent. »

 

Les traductions automatiques ne sont pas reconnues chez les entendants

Des programmes comme DeepL, Promt ou Google Translate utilisent également l’intelligence artificielle pour traduire automatiquement les textes. Cependant, ces traductions contiennent de nombreuses erreurs et ne reflètent souvent ni le sens ni le contexte correct. Dans les tribunaux ou pour des documents officiels, seuls les traducteurs assermentés peuvent travailler, leurs traductions étant vérifiées et reconnues légalement. Si même chez les entendants les traductions automatiques ne sont pas acceptées, il est douteux que les personnes sourdes soient censées se fier à des avatars.

 

Pourquoi les personnes sourdes reçoivent souvent des avatars

Un autre facteur est que la communication avec les personnes sourdes est perçue par beaucoup d’entendants comme laborieuse et chronophage. Les entendants doivent parler plus lentement, maintenir le contact visuel, organiser éventuellement un interprète et adapter leur langage. Cela demande du temps et de la patience. Pour certaines administrations ou entreprises, un avatar semble donc une solution pratique : pas d’interprète, pas d’attente, moins d’effort. Au lieu de promouvoir l’inclusion réelle, les personnes sourdes sont souvent simplement redirigées vers des figures numériques. Beaucoup considèrent cela comme une exclusion technique, où la communication humaine est remplacée au lieu d’être complétée.

 

Les critiques de la communauté sourde

La critique est claire : les avatars ne peuvent pas traduire correctement des contenus complexes, surtout sur des sujets sensibles. Il existe un risque que les administrations et entreprises réduisent le recours aux interprètes si elles considèrent qu’un avatar suffit. La langue des signes repose sur l’expression, la vitesse et la personnalité, alors qu’un avatar reste artificiel et distant. De plus, de nombreux systèmes sont développés sans la participation de spécialistes sourds, ce qui conduit à des représentations non naturelles. Seuls les humains peuvent transmettre correctement les émotions, le contexte et le sens.

 

Cadre juridique

La loi sur l’égalité des personnes handicapées (BGG) exige l’accessibilité, mais ne prévoit pas que les avatars remplacent les interprètes. Les administrations peuvent proposer des avatars en complément, mais les personnes sourdes ont toujours droit à des interprètes ou à d’autres aides à la communication.

 

Recherches et résultats

Des études de l’Université de Hambourg, de la RWTH d’Aix-la-Chapelle et du projet européen SignON montrent que la compréhension des avatars est nettement inférieure à celle des interprètes humains. Les émotions, les expressions faciales et le rythme semblent souvent artificiels, et l’acceptation par la communauté reste faible. Pour des sujets importants comme le droit, la médecine ou les démarches administratives, la demande pour de vrais interprètes reste très élevée.

 

Ce que les personnes sourdes veulent réellement

La majorité des personnes sourdes ne souhaitent pas de robots, mais des personnes réelles maîtrisant la langue des signes. Elles veulent des interprètes fiables, des employés entendants capables de signer et une communication directe sans barrières techniques. Les avatars peuvent servir pour des informations simples, mais ils ne doivent jamais remplacer la communication humaine.

 

Conseils pour les personnes sourdes

  1. Exigez des interprètes, même si des avatars sont proposés.
  2. Signalez les avatars erronés pour améliorer la technologie.
  3. Vérifiez toujours les informations importantes fournies par les avatars.
  4. Soutenez les projets développés avec la participation de spécialistes sourds.

 

Conclusion

Les avatars en langue des signes sont intéressants, mais encore imparfaits. Ils peuvent fournir des informations simples, mais ne remplacent pas les conversations, les émotions ou la responsabilité humaine. Si même les traductions automatiques ne sont pas reconnues chez les entendants, les personnes sourdes ne devraient pas être limitées à des « poupées numériques ». La langue des signes est vivante, humaine et culturellement précieuse – elle appartient aux personnes, pas aux machines.

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