La création d’un département officiel consacré à la langue des signes israélienne (ISL) par l’Académie de la langue hébraïque marque un tournant historique. Longtemps reléguée à un usage informel, cette langue visuelle, utilisée par environ 10 000 à 20 000 personnes en Israël, gagne en reconnaissance et en légitimité. Pour la communauté sourde, souvent marginalisée, il s’agit d’une avancée essentielle vers l’égalité linguistique et culturelle. Ce texte propose une analyse approfondie de cette initiative, de son impact et des défis à venir, avec une approche simple, claire et accessible à la communauté sourde et malentendante.
Une langue en construction : un besoin de codification
La langue des signes israélienne est relativement jeune. Elle est née dans les années 1930, lorsque des enseignants sourds de Berlin ont immigré en Israël. Depuis, elle a évolué de manière indépendante, influencée par des migrants venus d’Europe, du bassin méditerranéen et du monde arabe. Cependant, en l’absence d’un cadre officiel, de nombreux signes restaient inexistants ou variaient selon les régions. À Tel Aviv, Haïfa ou Jérusalem, le même mot pouvait être signé différemment.
C’est pour combler ce vide qu’un département dédié à l’ISL a vu le jour en 2022 au sein de l’Académie de la langue hébraïque. Son rôle : normaliser la langue, créer des signes pour des concepts nouveaux ou complexes, et servir de référence officielle. Son directeur, Doron Levy, lui-même sourd et chercheur en linguistique, y joue un rôle central.
Des musées aux écoles : une langue qui s’ouvre à tous les domaines
Un exemple concret de ce travail est celui du Musée de la Tour de David à Jérusalem. Lorsqu’il a voulu rendre ses expositions accessibles aux visiteurs sourds, un problème est apparu : de nombreux termes historiques comme « période byzantine » ou « Hasmonéens » n’avaient pas de signes définis. L’Académie a alors consulté historiens, archéologues et membres de la communauté sourde pour créer des signes adaptés. Par exemple, le signe pour « pèlerin chrétien » associe une croix à une marche simulée avec un bâton, et le mot « Hasmonéens » est représenté par une couronne inspirée des pièces de monnaie de l’époque.
Ce travail ne concerne pas seulement les musées. Il touche aussi les écoles, les institutions publiques, les militaires sourds, et même la Knesset (Parlement israélien), où la députée sourde Shirly Pinto a prononcé un discours historique en ISL en 2021.
Une langue locale, mais universellement précieuse
Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas de langue des signes universelle. On compte environ 300 langues des signes dans le monde, chacune ancrée dans sa culture. L’ISL est donc unique, tout comme la langue des signes française (LSF), américaine (ASL) ou japonaise (JSL). Par exemple, le signe pour « manger » varie : en ISL, on mime porter quelque chose à la bouche ; en JSL, on imite l’usage de baguettes.
En Israël, certaines communautés arabes ont développé leur propre langue des signes, notamment chez les Bédouins d’Al-Sayyid. Pourtant, de plus en plus de personnes apprennent l’ISL pour mieux communiquer avec l’extérieur, favorisant l’intégration et l’égalité des chances.
Un combat pour la reconnaissance officielle
Malgré ces avancées, l’ISL n’a toujours pas de statut de langue officielle en Israël. Elle est protégée par la loi sur les droits des personnes handicapées de 1998, mais reste absente de la Constitution. Pour Doron Levy et d’autres militants, l’intégration de la langue des signes dans l’Académie de la langue hébraïque est un premier pas vers cette reconnaissance. C’est une manière de dire clairement : la langue des signes est une langue à part entière, digne de respect, de développement et de soutien institutionnel.
Sensibilisation, formation et outils numériques
Parmi les projets de l’Académie figurent également la création d’un dictionnaire bilingue en ligne (ISL-hébreu), l’élaboration de supports pédagogiques, et des formations pour les interprètes et enseignants. Il s’agit d’outils indispensables pour faire progresser l’accessibilité. Il reste cependant beaucoup à faire pour convaincre les institutions et les familles de l’importance d’apprendre la langue des signes dès le plus jeune âge. De nombreux parents d’enfants sourds, mal informés, préfèrent encore miser uniquement sur la lecture labiale ou les implants cochléaires, au détriment d’une communication naturelle et fluide.
Conclusion : un pas vers une société plus inclusive
La reconnaissance croissante de la langue des signes israélienne est un signe fort. Elle symbolise un changement de regard sur les personnes sourdes et malentendantes, et sur leur droit à une pleine participation à la vie sociale, culturelle et politique. Si des obstacles subsistent – notamment l’absence de statut officiel et les préjugés persistants – le travail de l’Académie, soutenu par des chercheurs, des militants et des institutions, ouvre une voie prometteuse.
Pour les communautés sourdes en Israël et ailleurs, cette reconnaissance est une victoire symbolique et pratique. Elle rappelle que chaque langue, qu’elle soit parlée ou signée, mérite d’être protégée, valorisée et transmise aux générations futures.
Conseils pratiques pour les malentendants et les familles :
- Apprendre la langue des signes le plus tôt possible, dès l’enfance.
- Rechercher des écoles inclusives qui utilisent l’ISL.
- Participer à des événements communautaires pour pratiquer la langue.
- Utiliser des ressources numériques fiables comme les dictionnaires en ligne.
- Sensibiliser l’entourage à l’importance de la langue des signes dans l’identité sourde.
Si vous souhaitez une version simplifiée ou en langue des signes française, je peux aussi l’adapter.

